PRESAGE – SYNDROME PREDEMENTIEL DU RISQUE COGNITIVO-MOTEUR CHEZ LE SUJET ÂGE : PREDICTION DU DECLIN COGNITIF PRECOCE ET IDENTIFICATION DES MECANISMES SOUS-JACENTS
Période d’activité du projet : 2019-2023
Le syndrome du risque cognitivo-moteur (MCR, motoric cognitive risk syndrome) est un syndrome prédémentiel qui se caractérise par une plainte cognitive subjective (SCI, subjective cognitive impairment) et une vitesse de marche ralentie, et multiplie par trois le risque de développer une démence. La prévalence moyenne du MCR dans le monde est de 9,7%, et en France de 16%. L’identification des mécanismes responsables du MCR est essentielle pour améliorer le diagnostic et la prise en charge précoces, et ainsi retarder la survenue des symptômes. Une origine plausible est celle d’un défaut des processus relevant du contrôle exécutif en
lien étroit avec un déficit de connexions cérébrales impliquant le réseau exécutif central, qui est un réseau cérébral à large échelle constitué de régions fronto-pariétales. En effet, d’une part, les personnes âgées présentant une plainte cognitive subjective ou une vitesse de marche ralentie (i.e. un écart-type ou plus en dessous des valeurs moyennes appropriées pour l’âge et le
sexe) montrent une perte de l’intégrité des faisceaux de substance blanche connectant certaines régions du réseau exécutif central entre elles, de même qu’avec des régions d’autres grands réseaux cérébraux. Cette altération semble d’ailleurs s’exprimer indépendamment de la quantité de plaques amyloïdes. D’autre part, des études récentes ont mis à jour, à partir de paradigmes de
double tâche cognitivo-motrice (i.e. réalisation concomitante d’une tâche cognitive et d’une tâche motrice), un défaut du contrôle exécutif chez des personnes âgées présentant un trouble cognitive léger (MCI, mild cognitive impairment) ou une plainte cognitive subjective. Ainsi, notre hypothèse de recherche est que ce syndrome pourrait trouver son origine dans un défaut du contrôle exécutif affectant à la fois les sphères cognitives (e.g. mémoire) et motrices (e.g. locomotion). Le rôle protecteur de la réserve cognitive (i.e. résistance aux effets de la pathologie) dans l’expression des troubles dysexécutifs et de leur degré de sévérité sera également étudié.
A cette fin, le projet s’appuie sur deux volets. Dans le premier volet, transversal, seront comparés des sujets âgés entre 55 et 75 ans présentant un syndrome MCR (n = 80) et des sujets contrôles appariés selon l’âge et le sexe (n = 80). Les personnes potentiellement éligibles seront présélectionnées grâce à un large réseau d’acteurs de la prévention de la perte d’autonomie (cf. réseaux de santé cités ci-après), et à des actions de communication variées en partenariat avec le Gérontopôle Seine Estuaire Normandie et la CARSAT Normandie. Les comparaisons porteront sur des données cliniques (e.g. facteurs de risque cardiovasculaires), neuropsychologiques, cérébrales (i.e. connectivité par IRM multimodale), neurophysiologiques (i.e. extraction des synergies musculaires) et comportementales en réalité virtuelle immersive (i.e. adaptations locomotrices à des contraintes sensorielles et/ou cognitives sur le système M-GAITâ, tapis
roulant instrumenté, Motekforce Link) et en vie quotidienne (i.e. mémoire prospective, rythme veille-sommeil, variations diurnes de l’activité motrice, analyse de la marche, via des applications mobiles pour Androïd et des capteurs PhysilogÒ 5, Gait Up). Dans le second volet, longitudinal, les données recueillies au début de l’étude, considérées ensemble ou séparément, viendront
alimenter des procédures de machine learning/apprentissage supervisé (i.e. sélection de caractéristiques et réduction de dimensionnalité, implémentation du modèle via l’usage de différents algorithmes de classification et de régression) pour identifier les marqueurs ayant le plus fort pouvoir prédictif de la conversion précoce (après 2 ans de suivi) d’un syndrome MCR vers un MCI.
L’exploitation de données massives et variées apportera une compréhension approfondie du syndrome MCR, complétera ses critères de définition et améliorera son caractère prédictif. Elle aboutira au développement d’un prototype d’application d’aide à l’identification de signes avant-coureurs d’un trouble neurocognitif majeur, une avancée essentielle pour mettre en place une prise en charge précoce, et ainsi retarder le plus longtemps possible le déclenchement des symptômes.
Financeurs : Union européenne, Région Normandie et Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail (CARSAT) de Normandie : Programme Opérationnel FEDER 2014-2020 Normandie (AAP 2018 « E-santé – Projets innovants expérimentaux »).
Montant obtenu : 448 K€. Répartition : 224 K€ FEDER, 105 K€ CARSAT Normandie, 119 K€ autofinancement (temps personnel permanent).
Porteur : Leslie DECKER. Médecin investigateur coordinateur : Pierre DENISE.
Dates du contrat : 01/12/2019 – 30/04/2023.
Consortium : COMETE UMR-S 1075 INSERM-UNICAEN (Nicolas BESSOT, Nathalie CHASTAN, Damien DAVENNE, Leslie DECKER, Audrey SULTAN), TIMC-IMAG UMR 5525 CNRS-Vetagro Sup-Grenoble INP-UGA (Fabien CIGNETTI), NIMH UMR-S 1077 INSERM-EPHE-UNICAEN (Mickaël LAISNEY, Julien CHAVANT), CYCERON UMS 3408 CNRS-UNICAEN-CHU de Caen (Nicolas DELCROIX, Mikaël NAVEAU), LAC EA 7478 (Eric PIGEON, Mathieu POULIQUEN), CMRR CHU de Caen (Olivier MARTINAUD), CHU de Caen (Gilles LOGGIA, Stéphane BESNARD, François FOURNEL), CIREVE Centre Interdisciplinaire de Réalité Virtuelle (Nicolas LEFÈVRE, Sophie MADELEINE).
Réseaux de santé :Gérontopôle Seine Estuaire Normandie, UNA du Calvados, UNA Pays Alençon Perche, Centre de prévention Bien Vieillir Agirc-Arcco Normandie, groupe HOM’AGE, APSAM, IERDAM SANTE, UC-IRSA,ADMR Ecouché-Argentan, URPS Normandie (infirmiers, podologues).
Labellisé par le pôle de compétitivité :Transactions Electroniques Sécurisées (TES).
Recrutement de personnel : du 01/02/2021 au 30/04/2023 (27 mois) : un post-doctorant en neuro-imagerie et machine learning (Jérémy LEFORT-BESNARD) et un post-doctorant en neurosciences du mouvement humain (Vincent CABIBEL).